Le Tramway de Laon: Un voyage dans l’histoire et l’innovation

Avec sa topologie unique composée d’une ville haute et d’une ville basse, le défi de joindre le haut et le bas de la ville de Laon a stimulé l’ingéniosité urbaine. Rechercher une solution fiable et efficace pour franchir ce dénivelé était essentiel pour la cohésion de la cité et le bien-être de ses habitants.

À l’aube du 20ème siècle, le 10 août 1887, la société de chemin de fer de Laon était créée pour l’exploitation d’une ligne ferroviaire reliant la gare à la place de l’hôtel de ville.

Après des études techniques approfondies, la solution d’un tramway à crémaillère s’est imposée comme la plus adaptée pour Laon. Ce système permettait aux rames de gravir des pentes avec une inclinaison allant jusqu’à 13%. Cette prouesse technique, à la fois innovante et audacieuse, a rendu le tramway de Laon unique en Europe.

C’est le 9 juillet 1899 que ce tramway à crémaillère effectue son premier voyage, marquant le début d’une nouvelle ère dans le transport urbain de Laon. Ce système novateur a non seulement facilité la mobilité dans une ville au relief particulièrement exigeant, mais a également placé Laon à l’avant-garde de l’innovation en matière de transport public.

Le tramway de Laon a initialement comporté trois gares : la gare de l’Hôtel de Ville, située sur la place éponyme, la gare de Vaux, et celle près de la gare SNCF. Ces trois gares offraient une couverture complète de la ville, facilitant ainsi les déplacements entre la ville haute et la ville basse.

À l’origine, le terminus de la ville haute se situait sur la place de l’Hôtel de Ville, mais dans les années soixante, il a été déplacé à un emplacement moins commode, derrière la place. Ce site sera plus tard utilisé par le POMA, petit funiculaire automatique qui a repris le tracé de la ligne de tramway en 1989.

Enfin, le dépôt des tramways, crucial pour le fonctionnement du réseau, était situé près de la gare SNCF. Ce dépôt avait la capacité d’accueillir les quatre motrices de la ligne, assurant leur entretien et leur remisage.

Au fil des années, le tramway de Laon a connu une évolution remarquable en termes de style et de design. Initialement conçu pour allier fonctionnalité et adaptation au paysage urbain de Laon, il a progressivement intégré des éléments esthétiques reflétant l’époque et les tendances de design. Un moment significatif dans cette évolution a été la reconstruction de la motrice n° 1 en 1968, après un accident. Ce modèle a été doté d’un avant “moderne”, tranchant avec l’esthétique traditionnelle des autres motrices. Cette touche de modernité a marqué un contraste saisissant avec le style plus classique et industriel des versions précédentes, illustrant ainsi la capacité du tramway de Laon à s’adapter et à se réinventer au gré des époques.

En 1971, après 72 années de fonctionnement sans incident, le tramway de Laon a été suspendu pour des raisons de sécurité. Cette suspension marqua la fin d’une ère pour ce moyen de transport qui avait été populaire et emblématique de la ville. Suite à l’arrêt du tramway, un service de bus a été mis en place, mais il n’a pas réussi à maintenir le même niveau de fréquentation, marquant un changement notable dans les habitudes de déplacement des habitants. Malgré cela, la ville de Laon a continué à explorer des solutions innovantes pour le transport urbain, notamment en montrant un intérêt pour le projet POMA 2000, témoignant de son engagement envers le progrès et l’adaptation aux nouvelles technologies de mobilité.

Le tramway de Laon, même après son arrêt, continue de vivre à travers la préservation de son héritage. Une des motrices a été conservée et est aujourd’hui exposée près de son ancien terminus à proximité de la gare SNCF, permettant aux visiteurs et aux résidents de se remémorer son rôle historique. Une autre motrice est préservée par l’Association du Musée des Transports Urbains, Interurbains et Ruraux (AMTUIR), contribuant à la conservation de l’histoire des transports urbains français. De plus, une troisième automotrice a été récupérée et restaurée par les promoteurs du projet “Cité des métiers” de Saint Quentin, repeinte aux couleurs de l’ancien tramway qui circulait dans cette ville au siècle dernier. Cette préservation souligne l’importance du tramway de Laon dans l’histoire du transport urbain et son impact durable sur la région.